mardi 24 novembre 2009

Près du campo de l'ami Goldoni...

Le billet de Lorenzo sur les chiens et Venise m'a ramené un an en arrière, presque jour pour jour.
Voici la singulière rencontre dont je postais les détails sur le forum du Campiello


Pour éviter la cohue du campo de l'ami Goldoni, je prends résolument une étroite et sombre calle de traverse.
Me précède de peu un homme, vénitien, à n'en pas douter.
Sans un regard, ce dernier, la main muette tendue vers le sol, me fait part d'un danger imminent: une énorme commission canine !
Quelque semelle a déjà manifestement gaufré la pièce, élargissant inégalement l'affaire.
A mon tour, avertissant mon épouse, ne voilà t'il pas qu'elle se met à s'énerver:
"Mais il n'y a plus que de la m... dans les rues de Venise !"

L'homme s'arrète, se retourne à peine et dans un zézayant français :

"Madame, vous avez mille fois raison !
C'est la nouvelle mode ! C'est à celui qui aura le plus gros chien !
De nos jours, les vénitiens, dans leurs minuscules appartements, ont un deux énormes chiens
!"

L'ampleur de son geste n'a d'équivalent que son indignation subitement éructée.
A la queue leu leu, nous reprenons la calle.
Mais sa colère ne s'apaise nullement.

" Regardez là! Ce palais hors de prix! Ils en on fait une pissotière !"

Il nous montre une des toilettes publiques, au coin de la calle Bissa.

"L'étroitesse de ces calli et les téléviseurs hurlant, fin de journée !
Je pense que dans moins de deux ans, j'aurai quitté cette ville !"

Ensuite, le monologue dégénère:
"Et tous ces Africains, tous ces gitans...!"
La calle s'évase. il se retourne et nous lance:
"Vous savez ce qu'il manque ici!?!"

Serrant le poing, il dévisse son poignet et répond à sa propre question:
"De l'autorité !"
Le bras élancé vers l'arrière, il prend congé en nous lançant un tonitruant "bonjour".


Il faudrait avertir le chien et lui dire qu'entre ses déjections désordonnées et l'ignominie d'un état "fort", le gué est trop vite franchi ! :(
.

2 commentaires:

  1. Et bien, si tu as vu mon commentaire, suite au billet de Lorenzo, tu sais ce que j'en pense aussi. Je n'ai jamais eu à faire autant attention aux saletés sur les trottoirs que cette fois-ci, et en plus les ordures partout, les sacs crevés par les mouettes et pigeons...Heureusement nous n'avons pas vu de rats !
    Un jour, en rejoignant S'Barnaba, sous un sottoportego, nous nous sommes trouvés face à face avec un magnifique et majestueux "Danois"
    gros comme un veau, ma petite fille Tosca a cru se trouver devant un monstre. Je n'ose pas imaginer la grosseur de sa "commission canine quotidienne" excuse-moi de la pensée qui a traversé mon esprit.

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  2. "Oui, mais moi, je remise la commission de mon toutou dans un petit sachet bleu prévu à cet effet!" te diront certains...

    Et de retrouver ces petits sachets bleus un peu partout dans Venise !

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