L'île de Murano mérite bien plus qu'un arrêt éclair sur la route de Torcello.
Une série de petits billets pour vous en persuader...
Voici un autre.
...Le coup de tabac qui secouait encore légèrement les eaux de la Lagune, ce samedi après-midi, 23 juillet 1927, se transforme brutalement en un véritable ouragan.
La vieille dame ne sourit plus. Un petit chien tremblote sur ses genoux.
"Peut-être aurais-je dû écouter mes amis et patienter quelque peu avant d'embarquer" serre-t-elle entre les dents.
C’est à peine si elle distingue son gondolier lutter désespérément contre les éléments déchaînés.
Le lendemain à l'aube, alertés par les aboiements du chien, les frères franciscains gardiens de San Michele découvrent à San Francesco del Deserto le corps sans vie du gondolier et, sur l'autre rivage à côté d'un sandolo éventré, celui de la vieille dame, le visage figé, étonnement volontaire.
De la vieille américaine ne demeurent plus aujourd’hui que ses cendres au funérarium de San Michele ainsi qu'un marbre à sa mémoire à Murano.
Henrietta Gardner Macy, la nonne de la Ca’Frollo, née à Boston en 1854, débarque à Venise en 1890. Sculpteur de formation, elle ouvre, à la Ca’Frollo sur la Giudecca, un laboratoire pour la reproduction en plâtre de monuments vénitiens.
Mais la philanthropie est sa vocation première. Aussi achète-t-elle une partie de l’ancien couvent des sœurs Augustines à Murano et y ouvre une école pour les enfants pauvres de l’île. L'Ecole de l'Expérience, où l'enseignement dispensé s'articule autour un théâtre de marionnettes. Elle soulage bon nombre de familles et recueille également les orphelins des verriers tombés pendant la Grande Guerre.
Elle répondra ainsi à toute demande d'aide jusqu’à ce funeste samedi de l'été '27...
Trés belle histoire,merci
RépondreSupprimerQuelle belle histoire.
RépondreSupprimerTrès intéressant vos papiers sur Murano, il est vrai que l'on ne voit cette île qu'au travers de ses verreries mais il y a autre chose, derrière les objets soufflés, son histoire et la vie de tous les jours.
Merci pour ce petit billet concernant cette vieille dame devenue Vénitienne. Quelle triste fin, pauvre petit chien qui appelait "au secours". Effectivement Murano nous fait découvrir une autre atmosphère que celle de ses verreries.
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