jeudi 5 novembre 2009
Madame Manos
San Michele.
A quelques parcelles de Vera et Igor Stravinsky, cette stèle, redressée il y a peu et toujours étonnement fleurie, avis mortuaire d'une des plus déchirantes tragédies du siècle défunt.
Ils s'aiment à la folie. Alexandre est prince de Grèce. Aspasia est fille d'aristocrate.
Les événements dans un premier temps, la fatalité ensuite auront raison de leur intense passion.
Sur fond de première guerre mondiale, après un assassinat déroutant, une abdication et un exil, Alexandre succède à son père et, malgré l'interdiction de ce dernier, prend, quelques jours après la Toussaint 1919, le coeur d'Aspasia Manos, son unique amour en l'épousant illégalement.
Voilà pour les événements.
Sur fond de reconstruction, après une stupide morsure de singe, un mauvais traitement, onze opérations dont les sept dernières sans anesthésie, après vingt-neuf jours d'une abominable agonie, Alexandre immole à la solitude, quelques jours avant la Toussaint 1920, le coeur d'Aspasia Manos, l'amour de sa vie en crachant sa dernière plainte.
Voilà pour la fatalité.
Aspasia vivra épisodiquement avec sa fille Alexandra, née cinq mois après le mort tragique de son père, à la Giudecca, dans la propriété au magnifique jardin de Caroline et Frederick Eden qu'elle rachète en 1930 à Sir James Horlick.
Elle s'éteint à Venise en 1972 et est ensevelie à San Michele avant de rejoindre l'amour de sa vie dans les jardins royaux de Tatoï.
A Venise, abandonnée sur place, la stèle l'immortalise comme la veuve du Roi des Grecs.
A Tatoï, le marbre l'éternise comme princesse de Grèce.
Puisse-t-elle apaiser son Alexandre qui, le seul de sa dynastie, repose sous une épitaphe qui renonce à le nommer roi de Grèce.
L'amour, la mort.
Quelques jours après la Toussaint 1919, quelques jours avant la Toussaint 1920...
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Très belle histoire remplie d'émotions et d'amour.
RépondreSupprimerLa vie peut être si pénible pour certains et malgré le niveau de fortune, elle peut frapper chacun d'entre nous d'un jour à l'autre.
Profitons de la lumière...
Merci pour cette belle et triste histoire, tragique et pleine d'amour.
RépondreSupprimerJe suis allée me promener sur l'île de San Michele, je n'ai pas ressenti de tristesse ..