jeudi 25 mars 2010

En meulettes sur la Piazza...


A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un.
Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un sixième billet ...




Carte postale datée au 31 mars 1910,
286 calle Larga San Marco, Venezia

« Besoins immédiats: mais perspectives meilleures. Livre terminé. Un exemplaire du manuscrit expédié en Amérique. Les anglais me proposent une publication en feuilletons, ce qui me ferait une autre rentrée d'argent... »

Le Désir et la poursuite du Tout ne fut jamais publiés en feuilletons.

"... Commencé un nouveau livre... "

Sebastian Archer '...l'histoire d'un gentil garçon stupidement incompris de ses parents...relégué (à dix-huit ans) dans la poubelle qu'était l'Australie...ses élèves l'adoraient...le sexe féminin, en corps, se jetait à ses pieds...'(*)

Rolfe s'est remis à écrire.
' Son gros porte-plume le séduisit...Il se mit à écrire...quatre causes qui le poussérent: un énervement intolérable; une prévision croissante de maux à venir; une horreur constitutionnelle de paraître oisif; et un désir de se ménager des cachettes secrètes.' (*)

" Dernier j. Violente tempête de neige toute la journée "



Aujourd'hui, je m'envole pour la Sérénissime.
Une courtaude semaine.
J'ai un faible pour les dates anniversaire.
Alors, vous pensez...un siècle, jour pour jour !
Mercredi 31, j'arpenterai la calle Larga San Marco.
J'espère y croiser le Baron Corvo.
J'espère aussi éviter les dernières colères de l'hiver...

' Il y eut alors une assez longue période de froid. Il y eut de fortes chutes de neige, qu'on tassait en meulettes sur la Piazza. '(*)


On se lit dans dix jours ?

Portez-vous bien...


(*) Le Désir et la poursuite du Tout

mercredi 24 mars 2010

Venise insolite et secrète...



Voici texto ci-après l'email que m'a transferé un ami journaliste qui, depuis des lustres, se rit dans sa moustache inexistante des feux d'artifices qui se débondent dans mes yeux au simple nom de Venise.

Qu'il en soit ... pardonné !
Si le ramage se rapporte au plumage...

Livia nous en avait déjà glissé un mot dans ses Carnets vénitiens...


Bonjour,

les Editions Jonglez sont heureuses de vous annoncer la sortie prochaine du guide"Venise insolite et secrète" qui complète leurs guides insolites et secrets sur les villes et les régions d'Europe.
Le guide a été coécrit par l’éditeur Thomas Jonglez qui s'est installé à Venise il y a 5 ans pour les recherches et l'écriture de ce guide exceptionnel.

Ce nouveau guide permettra à tous les amoureux de Venise ainsi qu’aux Vénitiens eux-mêmes de repartir à la découverte de la ville la plus extraordinaire du globe, loin des sentiers battus.

Découvrez les secrets de la basilique Saint-Marc sans aucun touriste, déchiffrez enfin les chapiteaux du palais des Doges, empruntez le seul canal souterrain de Venise à la recherche de la sculpture alchimique du cheval ailé, allez déjeuner dans un restaurant exceptionnel caché dans une maison de pêcheur de la lagune, ouvrez l’œil sur les traces de la Teriaca, ce breuvage miracle qui fut longtemps fabriqué à Venise, déchiffrez les peintures de la scuola di san Rocco selon les principes de la kabbale hébraïque ou la construction de san Francesco della Vigna selon ceux de la kabbale musicale, visitez un cimetière souterrain inconnu, poussez les portes des palais et des monastères pour vous promener dans des jardins insoupçonnés, admirez l’extraordinaire bibliothèque oubliée du séminaire de Venise, dormez dans une sublime chambre cachée dans un palais, allez faire vos courses au marché de la prison pour femmes de la Giudecca, faites une retraite dans un merveilleux monastère de la lagune, à l’écart du monde…

Vous trouverez ci-joint le communiqué de presse ainsi que la couverture de “Venise insolite et secrète”.

Si vous souhaitez obtenir plus d'informations, vous pouvez me contacter aux coordonnées ci-dessous.

Cordialement

Stéphanie Jonglez

Editions Jonglez
stephanie@editionsjonglez.com

Editions Jonglez
17 boulevard du Roi
78000 Versailles
01 39 51 09 87 / 06 15 38 42 76

L'affaire Tarnowska (3)



Frederick Rolfe est à bout de souffle lorsqu'il pénètre dans la vaste salle de la cour d'assises, deuxième étage des Fabbriche Nove.
Il est faible et amaigri.
Il tend son laisser-passer à l' huissier qui lui fait signe de le suivre.
« J'ai pu avoir une place réservée à la presse pour le procès de la comtesse Tarnowska. Incroyable ! » (carte postale du 15 avril 1910).

Difficilement, ils fendent un public dense trié sur le volet. Des dizaines de privilégiés dont une majorité de femmes se tiennent debouts, pressés étroitement, agitant voilettes, lorgnons et jumelles de théâtre.
Viennent ensuite les places assises.

Rolfe reconnaît Gabrielle Réjane et Emma Gramatica qui toutes deux rêvent secrètement d'endosser un jour le rôle de la Tarnowska. L'écrivain et poète Annie Vivanti qui écrira l'histoire de cette nouvelle Circé se tient à côté du peintre Degas en lice pour la neuvième Exposition Internationale d'Art.

Au premier rang, le duc des Abruzzes.

Passé les banquettes du public, Rolfe est dirigé vers le nichoir réservé à la Presse, tout à gauche au-dessus des jurés. Il s'installe aux côtés de madame Nicolle du Matin, considérée comme la meilleur des journalistes. Français, Russes, Américains, Italiens, c'est le procès de ce début de siècle.

En face, tout à l'opposé, le banc des accusés: Elise Perrier, Donat Prilukow, Nicolas Naumow et debout la comtesse Tarnowska entourée par quatre carabiniers aux larges et sévères moustaches.

Il se murmure qu'ils sont remplacés tous les jours pour éviter qu'ils ne succombent au regard émeraude de Maria la Vampire. Il se parle bas que les geôliers sont sous surveillance: ils auraient déjà comploté l'évasion de l'aristocrate slave si d'aventure elle est condamnée.

En contre-bas, entre les accusés et les jurés, se tenant de profil les quinze avocats de la défense dont l'efficace Francesco Vecchini, ont le regard tourné vers le fauteuil présidentiel qui surplombe la barre des témoins.
Deux cents cinquante déposants, neuf psychiatres et treize médecins s'y cramponneront aidés par le seul interprète, quand il le faut. Le procès se déroule en italien, les accusés ayant appris la langue durant leurs mois de préventive.

Au centre de l'arcade recouverte de bois, sous le crucifix et les mots 'La legge e eguale per tutti', une porte s'ouvre: maîtres Feder et Carnuletti, avocats des parties civiles, et le Commendatore Randi, avocat général, précèdent de peu le président de la Cour, le respectable Fusinato dont l'expérience présumée à repousser le pouvoir de séduction de l'insatiable et vorace comtesse russe a troublé la retraite.

A suivre...




Annie Vivanti


Réjane


Emma Gramatica




jeudi 18 mars 2010

Venise est une fête...





Venise est une fête

« Paris est une fête »... le dernier roman d'Hemingway


Ecrit,
le romancier dans la souffrance;
publié,
l'homme sous terre.



« Au-delà du fleuve et sous les arbres »,
« Pour qui sonne le glas »
entremêlés.

Roberto et Maria,
Cantwell et Renata,
Ernest et Adriana.

Ils sont tous là.

Les deux coudes dans les aiguilles de pin.
Tout au fond , couvrant les flancs, la table, dans un coin.
Le valpolicella.

La langouste imposante.
La bagarre, main enflée, sonorité du crâne sur le pavé.
Le gin.

Le Gritti
Le Harry's.
La chasse aux canards, lagune gelée.

L'amour.
La mort.

La mort.
L'amour.

Venise.


Vite, très vite,
retrouver les mots d' Hemingway,
et merci pour cette merveilleuse lecture ...












lundi 15 mars 2010

Il faut mourir ...

2 juillet 1961

C'est un peu d'Espagne, sa guerre dégueulasse, ses corridas et ses taureaux...
C'est aussi un peu d'Italie, la Grande Guerre, Venise et ses canaux...
C'est également un peu de Lagune, son silence, et sa chasse aux canards à Torcello...
C'est un peu tout cela qui ruisselle sur les murs d'un hall d'une habitation de l'Idaho...
C'est un peu tout cela et même plus qui souille la veste d'un pyjama froissé...

Sept heures du matin, dimanche 2 juillet 1961...
Ernest Miller Hemingway se tire une balle dans la bouche.
L'écrivain usé a 63 ans.

... mes mots pour l'éphéméride du Campiello.



C'est également par le suicide de l'écrivain que débute et prend fin le dernier roman d' Alberto Garlini.

Roman qui fera l'objet de mon prochain billet: "Venise est une fête "

Un pur bonheur !

Vous souvenez-vous de 'Pour qui sonne le glas',
de l'odeur des aiguilles de pin,
de la mort,
de la sueur des hommes,
de Maria,
de Robert ?













vendredi 12 mars 2010

L'affaire Tarnowska (2) ...



Depuis plus d'une semaine, pour Teresa, c'est la même histoire.
Elle se coule dans la masse humaine, entre les déchets du marché aux légumes et les remugles des détritus de la pescheria .
Agile comme un serpent, la jeune vénitienne se glisse bien vite en première ligne.
Son voisin lui crie que Prilukov est déjà à l'intérieur.

Une seconde gondole s'immobilise alors devant le sotoportego des Fabbriche Nove.
Le silence se fait lourd.
Un homme en est arraché.
Chapeau melon, redingote élégante, cravate fine enserrant un haut col immaculé, bottillons étincelants, Naumov est prestement emmené, les poignets rigoureusement ferrés au-dessus de la taille.
C'est l'assassin.

«La voilà ! » s'écrie soudain le voisin de Teresa pointant du menton les deux embarcations de l' Instituti Penali Femminili. La foule se met à brailler.

Maria Tarnowska, libre, tête haute, gravit lentement les degrés de la fondamenta. Deux carabinieri se tiennent à respectueuse distance. Au travers d'une sombre voilette, son regard argenté déchaîne ici les insultes, éveille là les applaudissements.

« Diablesse ! » Deux commères se disputent au sujet de la couleur de ses yeux.
« Meurtrière ! » Une femme se protège d'un signe de croix.
« Putain ! » Une petite vieille lève un poing rageur.
« Adultère ! » Teresa a reconnu l'épouse d'un notable les cheveux au vent, habillée pauvrement. Elles sont plusieurs ainsi déguisées pour assouvir en cachette leurs inavouables appétences.

Faisant rimer fesse et comtesse , deux trois jeunes effrontés entonnent une ritournelle aux dièses salaces.
De nombreux bouquets de fleurs viennent aussi se défaire aux pieds de celle que la journaliste du Matin a nommé la femme-vampire .

Teresa reviendra demain.
Un rien plus tôt, cette fois.
Pas question de manquer à nouveau l'arrivée de Prilukov...



A suivre...








jeudi 11 mars 2010

Le baiser de Judas...

Permettez-moi ce petit capriccio, voûte de la Passion, basilique Saint Marc...

Forêt de fransisques émorfilées,
fléaux aux glands plombés,
hallebardes au taillant festonné,
verges faucillées, torchères et fanaux.
Bouillonnement barbare, écume fétide
d'angoisse et de lâcheté...
"Celui à qui je donnerai un baiser,
c'est lui, arrêtez-le..
."

A Venise, il est des soleils qui ont la fureur d'enflammer les ors diaprés de la basilique

L'affliction du compagnon
et la peur de l'agresseur
se déchirent la dalmatique du Christ.
Simon-Pierre tranche l'oreille
d'un Malchus au corps disloqué,
la soldatesque musèle la main de Jésus
qui blâme la mutilation inutile
d'une silencieuse bénédiction.

A Venise, il est des soleils qui ont la sagesse de pardonner les ors diaprés de la basilique

La révolte maladroite de l'apôtre
ne retardera pas l'ultime épreuve
que le regard résigné du Messie
a depuis la nuit des temps consommée.
Judas, tendu, justifie les deniers d'un bourrèlement
qui brisera sa nuque et balancera pour l'éternité
le baiser de ses pairs aux plus hautes branches
des synonymes de trahison...

A Venise, il est des soleils qui ont le devoir de fustiger les ors diaprés de la basilique








mercredi 10 mars 2010

Le prisonnier de Chillon...



En écho à un commentaire de Béatrice De, il y a peu,
je vous propose un petit pélerinage sur les rives du lac Léman .


Si ce billet m'éloigne quelque peu de Venise, il en rapproche cependant Byron.
Le lac Léman est la dernière étape du poète anglais avant la Sérénissime.

Quand Byron arrive à Sécheron (Genève) le 25 mai 1816, c'est un homme profondément meurtri et las qui dépose ses bagages dans le hall de l'hôtel d'Angleterre. Dans le registre de l'établissement tenu par monsieur Déjean, il inscrit cent ans à côté de la mention 'âge'.
C'est ici que Byron fera la connaissance de Shelley.
Percy Shelley, sa femme Mary et William leur fils, Claire demi-soeur de Mary et dernière maîtresse de Byron en Angleterre y sont installés depuis dix jours.
Cette rencontre influencera avec bonheur Byron dont le style ne sera plus jamais le même.

Pour raison économique et pour taire les ragots qui vont bon train sur le dos des deux poètes et leurs suites, ils décident de déménager à Cologny sur la rive opposée: le châlet Chapuis de Montalègre pour les Shelley, l'imposante Villa Diodati pour Byron et son médecin Polidori.
C'est dans cette vaste demeure à portique que le célèbre docteur Frankenstein voit le jour dans l'esprit ombrageux de Mary Shelley.


Du 23 au 30 juin, Byron et Shelley partent à deux en excursion sur le lac Léman.

Meillerie où ils essuient une terrible tempête à deux brasses de la noyade.

Clarens sur les traces de Julie et Saint-Preux, les amants sublimes de la Nouvelle Héloïse.

A Chillon, dans le château, le guide leur narre la terrible détention de François Bonivard et de ses deux malheureux frères. Face à la sinistre colonnade de l'humide cachot, Shelley s'emporte: « Je n'ai jamais vu monument plus terrible de cette tyrannie froide et inhumaine que ce fut le plaisir de l'homme d'exercer sur l'homme. » Byron grave son nom sur le pilastre qu'il pense être celui de Bonivard.
Quelques jours après, retenu par le mauvais temps à l'hôtel de l'Ancre de Ouchy, il rédige en une nuit les quatorze strophes de son 'Prisonnier de Chillon'.

Leur périple s'achève par Lausanne à la recherche de l'esprit de Gibbon.

Le 29 août , à neuf heure du matin, les Shelley font leurs adieux à Byron.
Le Pèlerin reste seul sur les rives du Léman. Son ami Hobbouse vient le rejoindre. Ensemble, ils rendent quelques visites à Coppet, chez Madame de Staël et une excursion en montagne agrémente la fin de leur séjour.
Entre Berne et Fribourg, il achète un chien: « Mutz est très laid et très méchant. Il n'a pas de queue ! »

Début octobre, ils quittent définitivement la Diodati. La Lombardie aux fusils des Autrichiens et de Metternich, Milan, Brescia, Vérone.
Le 4 novembre: les campaniles de Venise.


La villa Diodati à Cologny

La villa Diodati à Cologny



L'hôtel de l'Ancre à Ouchy

... gravé sur une des colonnes du cachot de Chillon


Les photos du château de Chillon de Béatrice De


dimanche 7 mars 2010

J'étais un écrivain qui étudiait les crépuscules...

A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un.
Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un cinquième billet ...


Quand les époux van Someren accordent le gîte à Rolfe, ils n'ont qu'à se féliciter de l'agréable compagnie de leur hôte.
Ses flâneries dans les îles, ses mouillages aux abords de Sant'Ariano Avez-vous jamais vu des serpents sortir d'un crâne par les orbites ?, ses histoires de gondoliers, son arrestation comme espion et bien d'autres anecdotes égaient les repas du Corner-Mocenigo.
Intriguée par la rédaction de son nouveau roman, la jeune van Someren insiste régulièrement auprès de Rolfe pour en lire quelques lignes.
Il s'y refuse toujours poliment jusqu'à ce jour funeste, où il lui remet, allez savoir pourquoi, un rouleau de feuilles, la première partie de son livre.
Dès les premières pages du Désir et la Poursuite du Tout, madame van Someren est horrifiée par les propos orduriers avec lesquels la société anglaise de Venise- elle et son époux également - est vilipendée et portée au pilori par le verbe amère et calomnieux de Corvo.
Le docteur van Someren lui ordonne de renoncer à son entreprise ou de vider les lieux.
Sans logement, sans le moindre sou, Rolfe quitte le palazzo Corner-Mocenigo, sous des trombes glacées d'eau.

Carte postale datée du dimanche 6 mars, un siècle jour pour jour:

Querellé avec le docteur dévot et quitté l'appartement samedi. Rien mangé depuis vendredi soir.
Marché toute la nuit sur la plage du Lido, au-delà de l'Excelsior. Plusieurs fois contrôlé par la police qui veille à ce que personne ne vole le sel de la mer.


Ces gardes nocturnes sont d'anciens carabinieri, qui renforcent les vigili ordinaires, du coucher au lever du soleil. Ils portent un gros gourdin et une casquette rayée de rouge. Tout le monde paye deux sous par semaine à l'entreprise qui les enrôle...(*)

Je leur ai dit que j'étais un écrivain qui étudiait les crépuscules. Pas de problèmes.

...étudiant les effets de la lumière nocturne et de l'aube blanche sur l'eau...(*)
L'aube , brumeuse, rose et d'un gris scintillant comme la chair et les écailles d'un saumon, arriva. Très fatigué, raidi et trempé, il laissa la nuit derrière lui...(*)

Mais le froid est pénétrant et après deux nuits dehors, je suis raide comme un piquet...Il faut faire quelque chose. Esprit et détermination pas encore éteint...

(*) Le Désir et la Poursuite du Tout

A suivre...







jeudi 4 mars 2010

L'affaire Tarnowska...

"Mon cher, mon bon, pourquoi? Que t'ai-je fait ?"
balbutie le comte Pawel Kamarowski la chemise de chambre mouchetée de sang.
Titubant vers son agresseur, il siffle: " Mon ami, appelez du monde ! "

Hagard, Nicolas Naumov, toujours assis sur le canapé, fait encore feu à trois reprises.
"Vous n’épouserez pas Maria !"

Le comte s'écroule agonisant sur le parquet de la chambre au premier étage du palazzo Maurogonato.

Naumov ouvre la fenêtre, crie à l’aide et s’enfuit à Vérone.

Il est un peu plus de huit heures ce matin du 3 septembre 1907.



Ce vendredi 4 mars 1910, un siècle jour pour jour, s'ouvre au Rialto, le procès de Maria Nicolaiewna O'Rourke, comtesse Tarnowska.
Le conseiller Tusitano préside la cour d'assises.
Maria Tarnowska, ébène Paul Poiret, fragrance François Coty, quitte la gondole pénitencière...envoûtante !


A suivre...









mercredi 3 mars 2010

La mort du vieux...

Permettez-moi ce capriccio...

Il y a deux années déjà, en mettant de l'ordre dans mes vieux papiers, j'ai retrouvé une farde odeur ocre contenant quelques lignes écrites fin des années 'septante'.

Je n'avais pas encore vingt ans.
De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.

Un professeur de lettre nous avait soumis quelques passages du Canto de Pound.
Une libre composition devait ciseler notre étude.
J'ai retrouvé la mienne.
Du Canto et du poète, pas un mot.
De l'homme et de son destin, par contre...

De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.


La mort du vieux

Un coussin aux plumes de miel
Le porte en creux.
L'offrande à l'oeil de cire
N'est plus.
La noire carapace a déjà craqué.
La pulpe est d'or.
Le seuil n'est pas glissant, l'auréole de fumée
L'élève paisiblement.
Les cartons jaunis rubiconent à nouveau
Dans son âme blanche.
Ses membres enlisés dans le sable des siècles
Portent déjà l'enfant éternel.
Le rauque halètement des fioles de nuit
Murmure le cristal.
Les cernes molles et profondes des hivers
Accueillent un fleuve de sang,
Qui rebondit et jaillit en une délicate fureur.
La catin aux seins crevés a dévoilé son dos blanc:
Deux flèches de marbre y saignent;
Cette drogue esquisse la fleur pure de l'Amour.


De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.










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