A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un. Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un deuxième billet ...
A l'aide. Télégraphie !
Cette carte postale, adressée à Charles Masson Fox, est datée du 6 janvier 1910.
Un siècle jour pour jour.
Quelques mois auparavant, Rolfe rencontre le docteur Ernest van Someren qui réside à Venise avec sa jeune épouse, une américaine.
Il lui avoue illico qu'il crève de faim.
Le bon et « dévot » docteur l'accueille en son palazzo Mocenigo Corner, campo San Polo.
Au dessus de l'escalier de marbre, un précédent locataire a cloisonné le palier du premier étage.
Dans cette chambre sombre et froide, sans cheminée, mais bien plus confortable que ses derniers refuges, l'écrivain britannique va couvrir d'une écriture délicate, couleur sang, un gros rouleau de papier. C'est son dernier roman: Le Désir et la Poursuite du Tout.
Le 11 décembre, van Someren se défait de la moitié de ses domestiques.
Rolfe se plaint dans une lettre du 28 : il doit à présent se lever à 5 h 30 pour allumer les feux, remplir les réservoirs, s'occuper de l'écrémeuse et monter du bois pour les fours. Il scie bûches sur bûches, les entasse dans dix paniers qu'il monte chaque jour.
65 kilos par panier.
Comme un larbin, il porte une longue blouse bleue.
« C'est un travail de damné !
Quant à moi, les choses vont de mal en pis. Je n'ai jamais passé un Noël si peu chrétien. Jamais ! Pas de viande ni de dinde, pas de plum-pudding ni de tartelette au mince-meat, et tu sais combien j'ADORE tout cela. Personne ne m'a souhaité un bon Noël sauf les serviteurs et les garçons. A part eux, personne...Que va-t-il m'arriver ?... Il faut que j'aille couper ce satané bois.»
A suivre...
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