mercredi 27 janvier 2010

Sior, quand irons-nous passer une nuit à Burano ?




A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un. Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un troisième billet ...




Datée du 27 janvier 1910, il y a un siècle, jour pour jour, Rolfe rédigeait une des lettres les plus sulfureuses de toute la littérature anglaise.
A l'instar de Byron qui s'abîmat dans la débauche la plus scandaleuse durant ses années vénitiennes, Rolfe s'enfonce délibérément dans la déchéance.
Si Byron avait honte de ses dépravations qu'il se sentait incapable d'enrayer, Corvo ne manifeste aucun remords, aucun scrupule. Il est en route pour l'Enfer.


La lettre est adressée à Charles Masson Fox, amateur de jeunes garçons, pour lequel Corvo joue les proxénètes si d'avance il revenait à Venise.

Il lui raconte que la veille, le 26 janvier, accompagné de Piero, un jeune garçon de dix-sept ans, il prit le vapeur pour Burano où nous avons dîné de viande, de fromage et de vin, pas à l'auberge que tu connais, mais dans une autre plus loin dans la rue - l'albergo di Roma, aujourd'hui disparue. Mon Dieu, il a dévoré. C'était un jour infernal, il a neigé toute la nuit , et la neige, à Burano, est plutôt épaisse et tenace. Piero et moi montâmes ensuite. Je n'ai jamais vu quelqu'un s'extraire ainsi de ses vêtements, un éclair blanc...
...Notre étreinte fut étonnante...


S'ensuit une longue et minutieuse et torride description de leurs ébats.

Oh, che bel divertimento !

Il prévient Masson Fox :...
et si tu veux la crocheter, sa serrure ne résistera pas trop.
...Tu ne peux pas savoir comme il est beau, jeune, fort comme un étalon, svelte, agile comme un serpent, viril, la peau veloutée, ferme et douce comme celle d'un bébé.
Je lui ai donné les deux francs qui me restaient et lui ai promis de t'écrire immédiatement.


Le lendemain 27, ils reprendront le vapeur de 5h30.

Il termine sa lettre tout en quémandant: ... je crois que 50 livres me permettraient de voir plus clair...
Ecris-moi souvent.
Je t'envoie deux photos de Piero prises l'année dernière devant le Musée municipal. Il portait un uniforme quand il était à mon service... R.

Cette lettre, comme les vingt-quatre autres, Rolfe avait demandé à Masson Fox de les brûler.
Ce dernier n'en fit rien.


A suivre...



Carlo Naya - Rio di Mezzo -Burano

5 commentaires:

  1. J'avais lu, je ne sais plus où, qu'à sa mort, son légataire testamentaire avait jeté dans la lagune certains de ses écrits un peu trop....chauds ! bonne soirée

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  2. Tu tiens une éphéméride pour tomber "pile-poil"
    aux bonnes dates de ces correspondances "particulières" ?
    En plus il dit qu'il avait neigé dans la nuit du 26 au 27/1...comme c'est bizarre ! vous avez dit bizarre, comme c'est bizarre !!!!
    En attendant "le renard" c'est à dire Masson Fox, pas très correct !

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  3. VenetiaMico: heureusement pour nous ! ;)

    Maite: c'est le consul, un certain Gerald Campbell, venu identifier son compatriote, qui jeta dans le Grand Canal des photos de gondoliers nus et autres sulfureux écrits...
    Quant aux éphémérides, il se fait, et c'est bien ainsi, que sa correspondance avec Fox couvre cette période de l'année, un siécle après, jour pour jour... :))

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  4. Je viens de parcourir, un peu trop rapidement à mon goût - mais j'ai peu de temps aujourd'hui - votre blog, Stef !
    Bonheur, c'est un blog sur Venise !

    Je suis donc allée voir votre premier billet et j'ai découvert aussi le "Campiello".
    Je vais continuer cette lecture passionnante dans les jours à venir.

    A bientôt !

    Norma

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  5. Merci Norma et bonne lecture... ;)

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