mercredi 3 mars 2010

La mort du vieux...

Permettez-moi ce capriccio...

Il y a deux années déjà, en mettant de l'ordre dans mes vieux papiers, j'ai retrouvé une farde odeur ocre contenant quelques lignes écrites fin des années 'septante'.

Je n'avais pas encore vingt ans.
De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.

Un professeur de lettre nous avait soumis quelques passages du Canto de Pound.
Une libre composition devait ciseler notre étude.
J'ai retrouvé la mienne.
Du Canto et du poète, pas un mot.
De l'homme et de son destin, par contre...

De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.


La mort du vieux

Un coussin aux plumes de miel
Le porte en creux.
L'offrande à l'oeil de cire
N'est plus.
La noire carapace a déjà craqué.
La pulpe est d'or.
Le seuil n'est pas glissant, l'auréole de fumée
L'élève paisiblement.
Les cartons jaunis rubiconent à nouveau
Dans son âme blanche.
Ses membres enlisés dans le sable des siècles
Portent déjà l'enfant éternel.
Le rauque halètement des fioles de nuit
Murmure le cristal.
Les cernes molles et profondes des hivers
Accueillent un fleuve de sang,
Qui rebondit et jaillit en une délicate fureur.
La catin aux seins crevés a dévoilé son dos blanc:
Deux flèches de marbre y saignent;
Cette drogue esquisse la fleur pure de l'Amour.


De Venise, j'en ignorais alors jusqu'au nom.










4 commentaires:

  1. Etiez-vous dans les années septante,déjà poète?

    Bonne journée.

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  2. Vous me flattez !
    Poète est un grand mot...
    Disons que j'ai toujours été attiré par l'écriture...

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  3. "Poète est un grand mot", mais vous méritez qu'on vous qualifie ainsi. Cette publication est très émouvante et j'aime beaucoup votre poème. Merci, Stef.
    Anne

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  4. Ezra Pound, titano della poesia
    troppo grande per essere capito

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