dimanche 7 mars 2010

J'étais un écrivain qui étudiait les crépuscules...

A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un.
Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un cinquième billet ...


Quand les époux van Someren accordent le gîte à Rolfe, ils n'ont qu'à se féliciter de l'agréable compagnie de leur hôte.
Ses flâneries dans les îles, ses mouillages aux abords de Sant'Ariano Avez-vous jamais vu des serpents sortir d'un crâne par les orbites ?, ses histoires de gondoliers, son arrestation comme espion et bien d'autres anecdotes égaient les repas du Corner-Mocenigo.
Intriguée par la rédaction de son nouveau roman, la jeune van Someren insiste régulièrement auprès de Rolfe pour en lire quelques lignes.
Il s'y refuse toujours poliment jusqu'à ce jour funeste, où il lui remet, allez savoir pourquoi, un rouleau de feuilles, la première partie de son livre.
Dès les premières pages du Désir et la Poursuite du Tout, madame van Someren est horrifiée par les propos orduriers avec lesquels la société anglaise de Venise- elle et son époux également - est vilipendée et portée au pilori par le verbe amère et calomnieux de Corvo.
Le docteur van Someren lui ordonne de renoncer à son entreprise ou de vider les lieux.
Sans logement, sans le moindre sou, Rolfe quitte le palazzo Corner-Mocenigo, sous des trombes glacées d'eau.

Carte postale datée du dimanche 6 mars, un siècle jour pour jour:

Querellé avec le docteur dévot et quitté l'appartement samedi. Rien mangé depuis vendredi soir.
Marché toute la nuit sur la plage du Lido, au-delà de l'Excelsior. Plusieurs fois contrôlé par la police qui veille à ce que personne ne vole le sel de la mer.


Ces gardes nocturnes sont d'anciens carabinieri, qui renforcent les vigili ordinaires, du coucher au lever du soleil. Ils portent un gros gourdin et une casquette rayée de rouge. Tout le monde paye deux sous par semaine à l'entreprise qui les enrôle...(*)

Je leur ai dit que j'étais un écrivain qui étudiait les crépuscules. Pas de problèmes.

...étudiant les effets de la lumière nocturne et de l'aube blanche sur l'eau...(*)
L'aube , brumeuse, rose et d'un gris scintillant comme la chair et les écailles d'un saumon, arriva. Très fatigué, raidi et trempé, il laissa la nuit derrière lui...(*)

Mais le froid est pénétrant et après deux nuits dehors, je suis raide comme un piquet...Il faut faire quelque chose. Esprit et détermination pas encore éteint...

(*) Le Désir et la Poursuite du Tout

A suivre...







1 commentaire:

  1. Tu t'es remis à la lecture de ce livre ?
    Tu me diras la fin, hein ?... suis jamais arrivé au bout.. snif !

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