Novembre 1816, lundi 11.
Byron se réveille pour la première fois à Venise
Que fait-il ?
Mais pardi...la même chose que nous fîmes vous et moi.
Il tourne deux jours durant sur la Piazza, la Piazzetta et le Môle.
« Debout à Venise sur le pont des Soupirs
Un palais d'un côté, de l'autre une prison
J'ai vu des ondes ses édifices surgir
Comme au coup magique d'un enchanteur et son bâton »
La licence poétique que voilà...
J'ai essayé...Vous aussi
Les lucarnes ajourées du cercueil de pierre de Da Ponte ne laissent pas transpirer grand chose.
Evidemment, « Debout à Venise sur le pont de la Paglia » cela manque d'allure.
Allez identifier Venise au pont della Paglia !
Vous m'en direz des nouvelles...
Palazzo Ducal.
Sala del Maggiore Consiglio.
C'est la stupéfaction.
La grande salle dont la frise glorifie les premiers doges de la Sérénissime abrite à l'époque la librairie Marciana. L' abbé Morelli en est le premier bibliothécaire depuis la chute de la République.
L'homme érudit est un homme d'église; il n'a pas hésité à brûler un livre de l'Arétin.
L'homme humble est un savant; il est reconnu dans l'Europe entière.
Intrigué par l'intense émotion de Byron devant le voile noir de Falier sur lequel fut brodé sans pitié le désormais célèbre « Hic est locus Marini Faletri decapitata pro criminibus », l'abbé s' approche du poète et lui conte l'histoire tragique du vieux doge.
« Le messager n'est pas de retour ? »
Les premières tirades de son drame Marino Faliero dansent déjà dans l'âme triste et amère du Pèlerin.
Giacomo Morelli s'éteint le mercredi 5 mai 1819. Il sera inhumé dans l'église du Codussi à San Michele après les somptueuses funérailles offertes par le gouverneur-général lui-même, le comte Peter Goëss.
Lord Byron était-il au balcon de son Mocenigo quand le petit cercueil de bois remonta une dernière fois le Canalazzo ?
Dans la préface de son drame en cinq actes (1820), Byron remercie l'abbé Morelli comme une des sources de sa tragédie historique.
"...Me voilà enfin redevenu Marino Faliero."
A suivre...
Eugène Delacroix
Ben moi, mon fantôme, il est toujours derrière ce voile noir, tête sous le bras et sussurant "seras-tu le le 17 avril ?"
RépondreSupprimerIl me semblait bien que Byron ne fut pas le seul à s'émouvoir du destin du pauvre vieillard à la ducale coiffure... ;)
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