L'île de Murano mérite bien plus qu'un arrêt éclair sur la route de Torcello.Une série de petits billets pour vous en persuader...Voici un autre.
En écho au billet de Maite
1810
Il ricoche et tournoie musicalement sur la dernière marche d'eau du petit escalier de marbre qui se liquéfie dans le rio dei Vetrai.
Le pêcheur hisse son dernier panier sur la fondamenta quand il aperçoit le morceau de bois: une Vierge à l'enfant aussi noire que le charbon.
Le père Stefano Tosi, gardien dérisoire d'une chiesa San Pietro désacralisée depuis peu, reçoit la statuette des mains du pêcheur: 1612 gravé au pied de Marie.
Il l'enferme dans la crédence de la sacristie dénudée, bien décidé à l'étudier le lendemain.
A l'aube, l'armoire aux saints habits est vide.
Tosi n'a pas le temps de s'interroger. Les cris du pêcheur ramènent la statuette de la Vierge découverte à l'instant sur la dernière marche d'eau du petit escalier de marbre qui se liquéfie dans le rio dei Vetrai.
La mystérieuse comédie se renouvelle trois nuits d'affilée. Malgré toute les précautions du religieux.
La superstition muranese dresse alors une imposante chapelle à l'endroit manifestement choisi par la Mère des hommes, quelques planches de pin ajourées sous la robuste galerie de l'antique demeure des frères dal Gallo.
Fleurs et dons divers exaucent les voeux des habitants de la population de l'île au verre jusqu'en 1974, année où la commune décide de réaménager la fondamenta Manin en supprimant les quatre marches d'eau du petit escalier de marbre qui se liquéfie dans le rio dei Vetrai.
Dans la nuit du jeudi 19 décembre 1974, la Vierge à l'enfant disparaît définitivement.
Les autorités remplace la statuette par une mosaïque représentant la Vierge dépouillé de son enfant.
Un petit écriteau relate brièvement l'histoire de la chapelle et dénonce le vol de l'icône.
Un vol ?
Et si, au retour d'une flânerie nocturne, la Vierge à l'enfant ne retrouvant plus ses quatre degrés s'était alourdie de tristesse s'enfonçant à jamais dans la vase au pied de la dernière marche d'eau du petit escalier de marbre qui se liquéfiait dans le rio dei Vetrai ?
Magnifique mosaïque...la luminosité du bleu !
RépondreSupprimerBienvenue Evelyne...
RépondreSupprimerLa statuette aurait perdu soudain tout pouvoir...non,je n'y crois pas!!
RépondreSupprimermerci pour cette légende,l'avez vous inventée?
bonne journée.
a.h.
Non, je n'ai rien inventé.
RépondreSupprimerC'est bel et bien une légende de Murano...
Merci pour cette histoire que vous nous contez fort bien et que vous illustrez de superbes photos.
RépondreSupprimerAnne
A Murano, j'allais acheter mes perles de verre pour mes colliers. Toujours trop pressée....
RépondreSupprimerJolie histoire... toute les suppositions romantiques sont permises.
Etrange, la vierge d'Aparecida da Norte, entre Sao Paulo et Rio, LE pèlerinage des Brésiliens, a aussi été trouvée par des pêcheurs, sans tête, noire. Plus tard, la tête fut retrouvée et les filets des pêcheurs se remplirent à nouveau. Une église a été construite, devenue trop petite, il y a maintenant une immense basilique, juste à côté.
A Murano ont été *refoulés* les fabriques de perles de verre, à cause des nombreux incendies que cette activité développait à Venise même.
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