jeudi 11 février 2010

Byron ou trois vénitiennes années (3)...



Si j'ai des amis à Venise,
j'y possède également mes fantômes...
Byron en est un.
Je vous propose en plusieurs billets disparates de suivre le poète durant ses trois vénitiennes années, de découvrir ses amours, ses excentricités, ses travaux, les divers lieux qu'il hanta...





Novembre 1816, lundi 11.
Byron se réveille pour la première fois à Venise
Que fait-il ?
Mais pardi...la même chose que nous fîmes vous et moi.
Il tourne deux jours durant sur la Piazza, la Piazzetta et le Môle.

« Debout à Venise sur le pont des Soupirs
Un palais d'un côté, de l'autre une prison
J'ai vu des ondes ses édifices surgir
Comme au coup magique d'un enchanteur et son bâton »

La licence poétique que voilà...
J'ai essayé...Vous aussi
Les lucarnes ajourées du cercueil de pierre de Da Ponte ne laissent pas transpirer grand chose.
Evidemment, « Debout à Venise sur le pont de la Paglia » cela manque d'allure.
Allez identifier Venise au pont della Paglia !
Vous m'en direz des nouvelles...

Palazzo Ducal.
Sala del Maggiore Consiglio.
C'est la stupéfaction.
La grande salle dont la frise glorifie les premiers doges de la Sérénissime abrite à l'époque la librairie Marciana. L' abbé Morelli en est le premier bibliothécaire depuis la chute de la République.
L'homme érudit est un homme d'église; il n'a pas hésité à brûler un livre de l'Arétin.
L'homme humble est un savant; il est reconnu dans l'Europe entière.
Intrigué par l'intense émotion de Byron devant le voile noir de Falier sur lequel fut brodé sans pitié le désormais célèbre « Hic est locus Marini Faletri decapitata pro criminibus », l'abbé s' approche du poète et lui conte l'histoire tragique du vieux doge.

« Le messager n'est pas de retour ? »
Les premières tirades de son drame Marino Faliero dansent déjà dans l'âme triste et amère du Pèlerin.


Giacomo Morelli s'éteint le mercredi 5 mai 1819. Il sera inhumé dans l'église du Codussi à San Michele après les somptueuses funérailles offertes par le gouverneur-général lui-même, le comte Peter Goëss.
Lord Byron était-il au balcon de son Mocenigo quand le petit cercueil de bois remonta une dernière fois le Canalazzo ?


Dans la préface de son drame en cinq actes (1820), Byron remercie l'abbé Morelli comme une des sources de sa tragédie historique.

"...Me voilà enfin redevenu Marino Faliero."

A suivre...




Eugène Delacroix





2 commentaires:

  1. Ben moi, mon fantôme, il est toujours derrière ce voile noir, tête sous le bras et sussurant "seras-tu le le 17 avril ?"

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  2. Il me semblait bien que Byron ne fut pas le seul à s'émouvoir du destin du pauvre vieillard à la ducale coiffure... ;)

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