vendredi 9 mars 2012

Sonia Kaliensky, favorite des Dieux...(1)


Permettez-moi ce petit capriccio
en trois billets, histoire d'alléger votre lecture.
Remontez le temps. Entrez dans la peau du vice-commissaire Spinelli.
Vous êtes de service ce mercredi 6 février 1907, fin d'après-midi.

Milan.

-Il en sera selon votre désir, Mademoiselle.
Le pharmacien Sporati bien en courbettes referme la porte. Derrière la vitre de son officine, il regarde l’élégante dame blonde traverser rapidement la place San Carlo déserte et sibérienne.
-Giacomo!
-Signor Sporati?
-Prends ma pelisse et cours au Grand Hôtel.
Au portier tu remettras ce colis. Il est destiné à mademoiselle Kaliensky. Son nom est inscrit au dos de la carte.
Ne traîne pas. Je lui ai promis qu’elle aurait son achat dans l’heure.
-Est-ce la dame aux très beaux yeux qui vient de sortir, Signor Sporati?
-Oui Giacomo. C’est la dame aux yeux très beaux…
…Aux yeux très tristes, pensa le petit pharmacien.


Venise.

Le carnaval a remplacé la double porte d'acajou du Danieli par le tourniquet vitré. L’inspecteur Scarpa qui m’accueille me fait un rapide résumé de la situation. Comme je le pensais, le directeur du sélect hôtel vient immédiatement à ma rencontre.
-Commissaire Spinelli, toutes les facilités sont mises à votre disposition.
Il me saisit le bras et m’entraine furtivement dans le petit hall lambrissé de la porte d’eau.
-Mais je vous en prie. De la discrétion! Pensez à la réputation de mon hôtel.
Il regarde au dessus de mon épaule.
-Une catastrophe! Vous pensez. En plein carnaval.
Le gros homme sue encore une ou deux plaintes.
-Où se trouve la victime?
-Au premier, signor Commissaire, au premier. La mezzanine juste au-dessus de la réception. Le docteur Putelli est là qui vous attend.
Il repasse un coup de mouchoir sur son front dégarni.
-Je vous en conjure, signor Commissaire! Du doigté...du doigté!

Je monte lentement le magistral escalier de marbre et prends sur la droite la petite galerie. Coup d’oeil retenu vers le majestueux salon du rez-de-chaussée. Visiblement l’annonce du drame s’est répandue comme s’enflamme la poudre étroitement traînée. Regards travaillés pour les uns, affligés pour les autres. J’aperçois Emilio, le fouille-merde du Gazzettino qui se faufile vers la réception. Et ce pauvre directeur qui espère envoiler l’affaire!

Adossé dans l’embrasure d’une porte entrebaillée, le docteur Putelli me fatigue un sourire.
-Buona sera, Spinelli.
-Comment allez-vous, Dottore?
-Triste mercredi de carnaval, Spinelli !


A suivre ...

2 commentaires:

  1. Ah revoilà Stef* et ses "petites" faiblesses..Sonia, la belle ne cesse de le hanter..pour notre grand plaisir..:-))

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  2. Oui, Danielle, tous ces vieux démons! ;))

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