samedi 30 janvier 2010
La Ca' Dario n'a pas fini de nous tourmenter...
Voici le mot que j'ai posté dans la bibliothèque du Campiello en mars 2009...
Mes amis! Quel thriller...comme ils disent !
Six cent pages dont la lecture, à l'instar de l'objet,
un concerto anonyme, s'en va crescendo!
Je vous préviens: l'orchestration de l'intrigue ne vous accordera guère de pauses, mais bien des nuits blanches et des idées noires commes des notes, des silences de productivité professionnelle et un énorme soupir en fermant la partition!
Celle-ci, au rythme binaire, alterne l'époque de Vivaldi et la nôtre, pour se terminer riforzando. Si au début on prend le temps de savourer les protagonistes se mouvoir dans Venise, progressivement il en va tout autrement.
Rapidement vous les secouerez, vous les invectiverez :
"Mais qu'est-ce que tu fais, toi ?
Ne discute pas avec ce fou !
Quitte la pièce avant qu'il ne t'écrase !
Et toi ? Oui toi ! Frappe-le plus fort ! Pas de pitié, c'est un monstre !
T'as une arme, sers-t-en !
N'y va pas ! Tu vois bien que c'est un piège !
Ah, si seulement j'étais à ta place, il y a longtemps que..."
On pense entrevoir les choses...on est a mille lieux de la vérité.
Suspens, retournements et ce jusqu'à l'étonnante dernière ligne.
Une ultime fois, on se fait...rouler!
J'oubliais deux choses!
La Ca'Dario n'a pas fini de nous tourmenter et...le spritz coule à flot!
Captivante et agréable lecture...
Merci Maite...
vendredi 29 janvier 2010
La casa dei Tre Oci, épitaphe minérale...
« Silvietta...reste encore un peu, je t'en prie Silvietta ! »
Le divin peintre lunaire Mario de Maria se réveille agité.
Silvietta, sa fille morte il y a peu, lui est apparue en songe.
Elle lui a brossé un palais vénitien, parodie ducale.
A la Giudecca, à côté du palazzo Minelli qui abritait la Ca'Frollo, il fera élever une habitation selon les indications précises délivrées par sa fille, architecte d'une nuit.
Rouge du soir -crédit photographique (c) RMN
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=1&FP=6012012&E=2K1KTS6JXTZPO&SID=2K1KTS6JXTZPO&New=T&Pic=1&SubE=2C6NU0IYW4SE
mercredi 27 janvier 2010
Sior, quand irons-nous passer une nuit à Burano ?
A Venise, j'ai mes fantômes...
En voici un. Frederick Rolfe, le baron Corvo.
Envoûtant !
Un troisième billet ...
Datée du 27 janvier 1910, il y a un siècle, jour pour jour, Rolfe rédigeait une des lettres les plus sulfureuses de toute la littérature anglaise.
A l'instar de Byron qui s'abîmat dans la débauche la plus scandaleuse durant ses années vénitiennes, Rolfe s'enfonce délibérément dans la déchéance.
Si Byron avait honte de ses dépravations qu'il se sentait incapable d'enrayer, Corvo ne manifeste aucun remords, aucun scrupule. Il est en route pour l'Enfer.
La lettre est adressée à Charles Masson Fox, amateur de jeunes garçons, pour lequel Corvo joue les proxénètes si d'avance il revenait à Venise.
Il lui raconte que la veille, le 26 janvier, accompagné de Piero, un jeune garçon de dix-sept ans, il prit le vapeur pour Burano où nous avons dîné de viande, de fromage et de vin, pas à l'auberge que tu connais, mais dans une autre plus loin dans la rue - l'albergo di Roma, aujourd'hui disparue. Mon Dieu, il a dévoré. C'était un jour infernal, il a neigé toute la nuit , et la neige, à Burano, est plutôt épaisse et tenace. Piero et moi montâmes ensuite. Je n'ai jamais vu quelqu'un s'extraire ainsi de ses vêtements, un éclair blanc...
...Notre étreinte fut étonnante...
S'ensuit une longue et minutieuse et torride description de leurs ébats.
Oh, che bel divertimento !
Il prévient Masson Fox :...et si tu veux la crocheter, sa serrure ne résistera pas trop.
...Tu ne peux pas savoir comme il est beau, jeune, fort comme un étalon, svelte, agile comme un serpent, viril, la peau veloutée, ferme et douce comme celle d'un bébé.
Je lui ai donné les deux francs qui me restaient et lui ai promis de t'écrire immédiatement.
Le lendemain 27, ils reprendront le vapeur de 5h30.
Il termine sa lettre tout en quémandant: ... je crois que 50 livres me permettraient de voir plus clair...
Ecris-moi souvent.
Je t'envoie deux photos de Piero prises l'année dernière devant le Musée municipal. Il portait un uniforme quand il était à mon service... R.
Cette lettre, comme les vingt-quatre autres, Rolfe avait demandé à Masson Fox de les brûler.
Ce dernier n'en fit rien.
A suivre...
mardi 26 janvier 2010
Un bonheur de rencontre...
lundi 25 janvier 2010
Maria della Misericordia sous un ciel étoilé...
Il est à Venise des lieux qui n'appartiennent pas au réel.
Il est à Venise des endroits magiques où votre esprit peut en un instant vous jouer des tours.
Corte della Tagliapietra, corte Bottera, campo San Boldo, et ce campo de l'Abazia...
Un trait d'Istrie qui souligne le rio, un tapis chevronné de briques rouges, une margelle de puits aux moines agenouillés deux par deux, un antique porche les pieds à Venise la tête à Londres et une église: la chiesa de Santa Maria della Misericordia.
A la moitié du XVII ème siècle, le sénateur Gaspare Mauro dont le buste coiffe la porte d'entrée, délie sa bourse et abandonne quatre milles ducats à la reconstruction du lieu saint.
Il y a peu, le propriétaire de l'église depuis longtemps désacralisée dispensait ses sous à la restauration de Santa Maria della Misericordia. L'homme est décédé. Ses enfants ont tout arrêté.
Y a-t-il un Gaspare Mauro dans la salle ?
samedi 23 janvier 2010
Pubblici Giardini...
Toujours fleurie, une plaque de bronze sur la grille des Giardini, relate le suicide à 19 ans de Michele Evangelisti, un garçon des Pouilles, le 5 avril 1978.
jeudi 21 janvier 2010
Le carnet vénitien de Jean-Antoine...
Pour une plus confortable lecture:
http://www.campiello-venise.com/videos-venise/videos_clips_venise.htm
Petit clic sur "carnets vénitiens, aquarelles..."
mercredi 20 janvier 2010
Corte Tramontin...
Depuis longtemps, je pensais le sottoportego Zurlin, qui se noie dans le canal de San Pietro, être le passage le plus bas de la Sérénissime.
Il n’en est rien !
Tout courbé, il faut atteindre une barrière en bois ajourée qui épouse maladroitement le dénivelé de la fondamenta. Sur la droite, quelques marches boiteuses se noient dans le canal.
La barrière se laisse faire aisément.
Deux mètres plus loin, buttant sur une paroi humide, le sottoportego plonge vers la gauche.
Un grand silence secoué de temps à autres par le bruit de la vaisselle dressée pour le repas. Quelques plantes devant un escalier qui se prosterne tel un autel et qui ouvre une haute et insolite saillie de pierre percée de quatre fenêtres.
mardi 19 janvier 2010
Corte Sconta detta Arcana...
J'avais quatre ou cinq ans, peut-être six...
Nous allions rendre visite à....Mme Bora Levi, qui habitait une vielle maison. On y accédait par un escalier extérieur en bois, appelé « l'escalier fou », « l'escalier des rats d'égouts », ou encore « l'escalier turc ».
...J'allais à la fenêtre de la cuisine et regardais en bas une petite place herbeuse et sa margelle de puits recouverte de lierre. Elle porte le nom de la Cour Secrète, dite de l'Arcane.
Fable de Venise – Hugo Pratt
Enfant, Pratt jouait dans cette cour, en réalité la Corte Bottera.
Dans les aventures du Maltais, elle apparaît pour la première fois dans « Corto Maltese en Sibérie ».
Elle sera reprise dans « Fable de Venise ».
Pratt et son assistant et ami Guido Fuga se sont régalés à concevoir de faux lieux vénitiens, dont cette Corte Sconta detta Arcana.
Une antique barrière vermoulue vous ouvrait les deux trois degrés qui descendaient vers la margelle de puits. L'accès pour tout un chacun demeurait aisé jusqu' il y a peu.
Aujourd'hui, le sottoportego de la Corte Bottera s'est vu affublé d'une nouvelle grille d'entrée, le tout électrique.
Impossible d'y pénétrer sans l'aide du facteur ou du préposé aux ordures.
Une attente qui peut se montrer longue et infructueuse.
Pour tout un chacun seulement, car je vous fiche ce billet que Corto n'a pas besoin des clés ni du passage d'un improbable employé communal pour ouvrir les sept portes de la Cour Secrète des Arcanes.
Fable de Venise – Hugo Pratt
lundi 18 janvier 2010
Byron ou trois vénitiennes années (2)...
Byron en est un.
Je vous propose en plusieurs billets disparates de suivre le poète durant ses trois vénitiennes années, de découvrir ses amours, ses excentricités, ses travaux, les divers lieux qu'il hanta...
"Le souabe se prosterna, et maintenant l'Autrichien règne...
Un Empereur piétine le lieu où un Empereur s'agenouilla..."
Mais quand le 11 novembre 1816, Byron visite pour la première fois la Piazza, Venise est toujours une ville vivante et sensuelle, élégante et chantante. Les théâtres sont nombreux et la Piazza regorge de cafés qui ne désemplissent pas. Les conversazioni des comtesses Isabella Teotochi Albrizzi et Marina Querini Benzon sont en vogue: vénitiens et étrangers s'y pressent. Il faut peu d'argent pour vivre bien dans la Sérénissime.
«Je l'aimai dès mon enfance...
...et l'art d'Orway, de Radcliffe, de Schiller, de Shakespeare
avait gravé en moi son image... »
Mais si le pèlerin ne désespère pas croiser Jaffier bourrelé de remords, le mystérieux arménien de la Piazza, Shylock et Portia, Othello et Desdemone, il n'en a pas moins à l'esprit une Cybèle des mers à la décadence notoire.
«... ses palais tombent en poussière sur le rivage... »
Et de dénoncer la chute de la Sérénissime au monde et principalement à son pays:
«...et son sort
est la honte des nations, mais surtout
la tienne, ô Albion...
...devant la chute
de Venise songe à la tienne... »
Voilà le nom de Venise pour les deux siècles à venir associé à l'idée de déliquescence, de putréfaction et de mort.
Chateaubriand et ses gondoles toutes noires qui ont l'air de bateaux qui portent des cercueils.
Balzac et sa sinistre verdure...au bas des palais...signe de mort.
Barrès et son Francesco del Deserto, une préparation à la mort.
Mann et sa mort à Venise.
Seul dans ce concert nauséeux, de Régnier s'élèvera et osera l'Altane.
Malgré l'emphase, j'aime suivre de Régnier.
Pour en revenir à notre Lord, que sa mélancolie ne nous trompe pas:
en moins d'une semaine il se procure une gondole et...une maîtresse.
« Elle ressemble à une antilope. Elle a les grands yeux noirs de l'Orient... »
A suivre...
samedi 16 janvier 2010
Ce qui tue l'homme ? Son manque d'imagination...
...Lépante (7 octobre 1571, 12h00...golfe de Patras)
Lettre de Guglielmo Ciardi à sa mère...
"Lépante- 8 octobre.... O mère, soulagez mon désespoir.... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie! Où sont donc toutes ces stances à la gloire de notre Dieu ? Déchiquetées avec les viscères de l'ennemi ?
Alvise est mort ce matin...
Où sont donc tous ces Salve Regina pour notre Vierge ? Pulvérisés avec la cervelle de l'ennemi ?
...un mousquet ibère, la victoire pourtant promise, lui a arraché la mâchoire...
Où sont donc tous ces Confiteor pour notre Sauveur ? Carbonisés avec le corps de l'ennemi ?
...Le regard interdit, il a gargouillé dans mes bras toute la nuit...
Où sont donc toutes ces litanies pour nos bienheureux ? Gorgées d'eau avec le cadavre de l'ennemi ?
O mère, l'homme a révélé ici tout le venin qui le bâfrait !
Ultime mêlée, suprême corps à corps, debout sur les flots, l'onde rubiconde effleurant à peine nos genoux, tant la mer vomissait indifféremment cadavres affolés, nefs brésillées, agonisants désarticulés, voilures lacérées...
O mère, soulagez mon désespoir... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie !"
Ce qui tue l'homme, c'est son manque d'imagination.
Waterloo, 18 juin 1815...sous la mitraille anglaise, Guglielmo et les siens ondulèrent comme blé au vent... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie !
Verdun, 19 février 1914...sous un déluge de terres brûlées, Guglielmo, sifflet aux lèvres, fut enseveli vivant à l'assaut de la côte 304... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie !
Buchenwald, 13 juillet 1943...la mélodie pleurée de quatre violons lyncha Guglielmo... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie !
Bagdad, 25 octobre 2004...une sordide vidéo égorgea Guglielmo, bras entravés en croix... Jamais plus, j'imagine, l'homme ne dégurgitera pareille furie !
Ce qui tue l'homme, c'est son manque d'imagination.
Agostino Barbarigo
jeudi 14 janvier 2010
C'est ici que tu trouveras le repos ultime...
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée prétendait Alfed de Musset.
Personnellement, je les préfère entrouvertes.
C'est beaucoup plus troublant.
Ainsi cette porte dans le Castello.
Elle est là, passé cette porte.
Si vous hésitez, si vous ne faites pas quelques pas, elle vous restera invisible.
Vous ressortirez fiers d'avoir vu le soubassement du campanile de San Francesco della Vigna, mais elle, vous l'aurez manquée !
Depuis le temps que je la cherche.
Des photographies anciennes ou nouvelles, des représentations,
Dieu sait si j'en ai à la pelle !
Mais là, sous mes yeux.
Mais là, sous mes doigts.
J'ai l'audace de croire aux légendes.
Marc l'évangéliste reçoit l'ordre de quitter Aquilée pour Alexandrie où il a mission de convertir l'infidèle.
Il quitte l'antique cité un soir de tempête.
Obligé de se réfugier sur un îlot de la lagune, il partage la pitance des quelques pécheurs présents et s'endort à même le sol.
Un ange lui apparaît en songe:
“De ces îlots, Marc, un jour une grande et merveilleuse cité surgira . C'est ici que tu trouveras la paix et le repos ultime. Pax tibi Marce evangelista meus."
Une chapelle fut érigée à l'endroit même du rêve de l'évangéliste.
Cette chapelle est à présent devant moi.
Une porte entrouverte est toujours plus intrigante, Monsieur de Musset...
mercredi 13 janvier 2010
Souvenez-vous Monsieur Sollers...
Souvenez-vous Monsieur Sollers...
Des caméras vous suivaient dans votre Venise.
Campo Barbaro, derrière la Ca' Dario.
Machicotant votre tubule anti-nicotine, de cigarette orpheline, vous écartiez l'épaisse feuillée qui recouvrait les quatre vers de Henri de Régnier.
Triomphalement, vous nous révéliez la faute d'orthographe: agathe avec un « H » comme dans le prénom, alors que le poète fait rimer la pierre, l' agate, sans le « H ».
Très fier, vous vous proclamiez être le premier à dénoncer l'indicible.
Et vous aviez raison. C'est l'orthographe et Régnier qu'on assassine !
'Pristi, mon cher Philippe...
Permettez que je vous appelle Philippe ?
J'ai fait plus fort que vous.
Ce n'est pas un mot mais la tournure entière d'un vers qui a été passée à tabac.
Et c'est votre serviteur, Philippe, qui en a fait la découverte.
Jugez de par vous même, comment des maroufles ont pu assassiner ce bon Monsieur de Malherbe !
A San Michele, se putréfie la tombe de cette pauvre Anne de Stcherbininn, née Stieglitz, mère de famille morte à 24 ans.
Sur la stèle, un vers est libellé de la sorte:
« Et rose elle n'a vécu que ce que vivent les roses, L'espace d'un matin...
Or vous connaissez l'exacte versification:
"Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin..." !
Qu'en penses-tu Philippe ?
On peut se tutoyer maintenant qu'on est à égalité !
Dis, Philippe, tu penses qu'après cela je pourrais, moi aussi, présenter ma Venise dans « Racines et des ailes, par exemple !?!
Philippe ?
Philippe !?!
A la mémoire
de la plus chérie des épouses
de la meilleure des mères
Anna de Stcherbininn
née Stieglitz
décédée à 24 ans le 30 octobre 1842
J'ai emprunté la photo de Monsieur Philippe Sollers au site http://www.revuedepresse.ch/
lundi 11 janvier 2010
Que pouvait donc bien faire à Venise le Commandant Drinkwater en cette fin de mois d'août 1872 ?
Deux trois billets pour autant de flâneries entre les tombes de San Michele, l'occasion d'exhumer quelques personnages dont les noms ont été effacés de la pierre de toute mémoire.
Ainsi ce William Drinkwater.
William est né à Shepstow, petite ville du Pays de Galle au bord de la Wye, célèbre pour son château, les plus vieilles pierres d'Angleterre, qui retint prisonnier jusqu'à la mort Henry Marten, proche de Cromwell, qui signa la décapitation du roi d'Angleterre Charles Ier.
Drinkwater est commandant à bord du Steam-Ship 'Tarifa', un bâtiment de la célèbre Cunard Line.
Le 12 janvier 1865, le Tarifa est lancé pour la première fois en Méditerranée.
Le 22 juillet de la même année, le deux mâts à cheminée unique effectue son premier voyage entre Liverpool et New York.
50 'première classe', 650 'troisième classe'.
En 1872, Drinkwater rend son dernier souffle à Venise.
Il a 43 ans.
La même année, le Tarifa relie Liverpool à Boston, et ce jusqu'en 1888. L'année suivante, il est vendu aux Italiens pour être détruit.
Que pouvait donc bien faire à Venise le Commandant Drinkwater en cette fin de mois d'août 1872 ?
Venise est à ce moment précis secouée par de sévères et importants mouvements de grèves.
Venise accueille à ce moment précis les premiers et très décriés vaporetti: c'est le silence du Canal Grande qu'on assassine.
Que pouvait donc bien faire à Venise le Commandant Drinkwater en cette fin de mois d'août 1872 ?
Le Lido commence timidement sa vie balnéaire.
Il y a juste un mois, empreint d'une profonde mélancolie, John Ruskin quitte le Danieli pour retrouver Rose La Touche.
Que pouvait donc bien faire à Venise le Commandant Drinkwater en cette fin de mois d'août 1872 ?
sacred
to the memory
of
william drinkwater
born in shepstow england
17 january 1829
died in this city 2? august 1872
commander
of the
cunard steam ship
tarifa
a beloved and devoted husband
a kind and affectionate father
gone to be ever with his lord
gone to receive his great reward
his end was peace
samedi 9 janvier 2010
Le dernier védutiste du Settecento vénitien...
En parcourant dernièrement un magazine dont j'ai oublié le nom, je suis tombé par hasard sur cette vedute vedette d'une galerie bruxelloise.
Le commentaire est assez succinct: Francesco Tironi, mystérieux peintre dont on ne sait que fort peu...Dans la lignée des Canaletto et Guardi...
J'ai voulu en savoir un peu plus.
De fait, la vie de ce peintre frioulan reste obscure.
On sait de lui qu'il était prêtre, qu'il mourût le 28 février 1797 à l'âge précoce de 52 ans.
Ce qui par déduction nous donne 1745 l'année de sa naissance.
L'artiste est donc mort 'vénitien' quelques semaines seulement avant la fin de sa République.
L'ultimo vedutista del Settecento veneziano (Dario Succi)
Ce que je retiendrai principalement des quelques oeuvres trouvées sur le net, ce sont ses représentations détaillées des îles de la lagune.
Balayé par les décrets de Napoléon concernant les ordres religieux, tout un monde nous est ici restitué.
Je vous laisse ce lien pour Tironi lui-même et pour une agréable promenade dans la peinture italienne.
http://www.artericerca.com/artisti_italiani_settecento/tironi%20francesco/francesco%20tironi.htm
vendredi 8 janvier 2010
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse...
« Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir... »
Charles Baudelaire -Remords posthume
Pour répondre à l'interrogation de Danielle...
Il demande au sculpteur Annibale De Lotto de cristalliser sa rêverie dans la pierre et le marbre de Carrare.
Gilda, un bouquet de fleurs dans la main gauche, est rayonnante.
Elle ne prête déjà plus attention à Giuseppe, à sa défunte belle-mère et à son chien fidèle.
Sous leurs regards bienveillants, elle soulève la soie de sa fine tunique pour alléger sa marche vers l'inéluctable.
Assis sur un banc de bois, jambes distraitement croisées , tout endimanché dans son trois pièces, la cravate sévèrement nouée et le riche cuir de ses gants frisottant à la main gauche, Giuseppe semble résigné: il vivra désormais dans le souvenir de ses amours.
Pourquoi donc faudrait-il retenir une âme apaisée...
Au fond d'un monument construit en marbre noir... »